DISPLAYS
Acte d’exposer dans le monde de l’art L’idée est d’attirer l’attention de quelqu’un sur une chose exposée. • Fred Wilson

Dans le cadre de mon DNSEP en BAD Design, j’ai exploré la réappropriation d’espaces publics inexploités ou abandonnés à Angers, pour offrir aux citadins une nouvelle vision de l’espace public et ouvrir des perspectives inédites.
Ma question centrale : « Comment le designer, en réinvestissant des lieux collaboratifs et évolutifs, peut-il proposer des aménagements qui maintiennent les tiers-lieux comme des territoires en mouvement, résistants à la normalisation ? »
Le terme « tiers-lieu » est souvent galvaudé. Je m’appuie sur la définition de Ray Oldenburg : « Les tiers-lieux sont le cœur de la vitalité sociale d’une communauté, la base de la démocratie où les gens peuvent se rassembler… »
Mon travail de recherche a révélé un engouement pour cette notion, mais aussi ses limites : intégration dans des politiques culturelles ou commerciales, risques de gentrification, perte de leur essence collaborative.

Impression 3D de la ville d’Angers 2024 – Échelle : 1/ 3600 – 39,5 x 44 cm
Ma proposition :
- Travailler dans l’espace public en le définissant comme un tiers-lieu.
- Proposer des displays aux citoyens, les invitant à en devenir les acteurs.
- L’usager comme co-créateur : c’est par son passage, son regard et son interaction que l’espace évolue, et non uniquement par l’intervention des designers.
L’espace public : un paradoxe d’accessibilité « Un espace accessible à tous, appartenant à la collectivité… mais souvent régi par des règles qui en limitent l’usage. »
Exemple marquant : L’arrêté du 1er août 2024 à Lorient, interdisant « toute occupation prolongée » des voies publiques. Un banc, autrefois symbole de liberté, devient un espace potentiellement réglementé, voire monétisé.

Mon processus : Depuis 4 ans, j’arpente Angers, observant chaque détail, chaque modification de l’espace. Chaque déambulation est une nouvelle analyse, une réinterprétation du paysage urbain.
→ Une réflexion en mouvement, où le design questionne, propose et laisse la place à l’improvisation citoyenne.

Photographie prise dans les rues d’Angers, 2023
LE KIOSQUE
Durant ma démarche, j’ai pu voir plusieurs espaces d’affichage inhabités et laissés à l’abandon, dont le kiosque place Saint-Croix à Angers situé sur un axe de passage.
Comment le réemployer au service des citadins Angevins ?
J’ai investi son espace d’affichage en y laissant un plan. L’objectif était de détourner un plan traditionnel indiquant « vous êtes ici », par« je suis là et toi ? ».
Le résultat est un échange de proximité entre des personnes de passage et les résidents du quartier et de dire « je ne suis pas seul ».
PANNEAU D’AFFICHAGE
Toujours dans cette idée d’affichage, j’ai investi les panneaux inexploités du cinéma les 400 coups ; un jeu entre l’affiche de film culte et la ville d’Angers.
J’ai en plus laissé un message indiquant aux citadins de jouer à retrouver le lieu et le film tout en les invitant à m’envoyer leurs réponses et pourquoi pas, leurs propres affiches de film.

PRISE ÉLECTRIQUE
Offrir dans l’espace public une possibilité de recharger nos appareils devient de plus en plus un besoin primaire.
Après mon travail d’investigation et de repérage, on découvre que la ville nous offre une multitude de prises électriques accessibles.

Cadastre ville d’Angers 2024 -Répertoire des prises électriques de la ville. Sérigraphie sur verre
Échelle : 1/ 2600 – 56 x 64 cm
VITRINE
Après avoir trouvé plusieurs types d’espaces d’affichage, je me suis retrouvé face à cette vitrine entièrement abandonnée
J’ai choisi de l’investir en deux temps ; ma première intention a été de la nettoyer pour lui redonner un peu de fraicheur, ainsi qu’un nouveau regard sur l’espace environnant.
Puis, pour ma deuxième intervention sur la vitrine, c’est le projet « Dead Drops », lancé en 2010 par Aram Bartholl qui m’a inspiré ce Display. Ce Projet consistait à installer des clés USB dans des murs publics pour créer un réseau anonyme de partage de fichiers hors ligne et réintroduisant la matérialité des échanges de données.
En installant des fausses annonces, j’introduis une utilité à cette vitrine et une fonction que chaque personne de passage pourrait s’approprier facilement. L’idée derrière ces fausses annonces est de quitter l’univers internet du « Bon coin », de « Vinted » ou encore « Gens de Confiance », pour revenir à un échange de proximité au niveau du quartier.
Ce display, basé sur le « non-programme » permet à la fois aux habitants du quartier de se l’approprier, mais aussi aux personnes de passage d’installer eux- mêmes leurs annonces et de redonner une utilité à cette espace abandonné.
